The most incomprehensible thing about the world is that
it is comprehensible[1]
Albert Einstein
En deçà du langage et de toute activité intellectuelle
verbalisable, existe l'immense domaine cognitif de la sensori-motricité.
Cet article propose une réflexion à ce sujet.
La démarche suivie est à la fois modélisatrice et expérimentale.
Modélisatrice, car nos sujets de réflexions sont des théories
mathématiques.
Expérimentale, car nous nous attachons à tester et illustrer
la pertinence des concepts proposés et des arguments avancés
par des expériences concrètes qui soulèvent en retour
de nouvelles interrogations. Ces expériences sont rendues possibles,
car les modèles mathématiques étudiés peuvent
être utilisés pour animer des dispositifs sensori-moteurs artificiels,
mécaniques et électroniques, souvent appelés robots.
Jusqu'à quel point agir et percevoir supposent-ils de "comprendre"
ou même plus simplement de se "représenter" le monde
? Telle est l'une des préoccupations fondamentales des recherches
sur la sensori-motricité. Question élémentaire dont
les échos, pourtant, résonnent depuis bien longtemps entre
diverses disciplines des sciences cognitives : philosophie, logique, linguistique,
éthologie, neurosciences, psychologie ou intelligence artificielle.
Cette question une fois formalisée, expurgée, simplifiée
et traduite en termes mathématiques, nous amène à nous
interroger tout au long de cet article, sur les liens qui peuvent exister
entre les inférences formelles mécanisées informatiquement
et leurs contreparties dans le monde physique où évolue un
robot. Ainsi reformulée, la question centrale débattue devient
: comment rendre effectives les inférences formelles ?